Quel que soit le nombre de trains qui circulent, la sécurité des équipes de voie repose sur une alerte rapide et fiable. La sentinelle ferroviaire, installée en tête de zone de travail, observe la ligne, écoute le réseau radio et anticipe chaque passage de convoi. Sa vigilance ininterrompue permet de libérer l’espace de danger en quelques secondes et préserve les horaires voyageurs et fret. Comprendre son périmètre de responsabilités éclaire toute la chaîne d’alerte quotidienne.

Surveillance avancée et périmètre de la sentinelle ferroviaire

La sentinelle se positionne toujours hors de l’espace de danger, plusieurs centaines de mètres avant la zone où œuvrent les équipes. Depuis ce point, elle observe la voie à vue dégagée, capte les vibrations et garde un contact radio permanent avec le protecteur. Dès qu’un train est repéré, elle déclenche la corne pneumatique, le sifflet ou un signal lumineux afin que le personnel se retire en sécurité. Les prescriptions CFF précisent qu’elle peut, si nécessaire, activer directement l’alarme quand aucun protecteur n’est présent. Cette fonction exige un sens aigu de l’anticipation, une concentration continue et une communication claire sous pression, qualités qui garantissent la fluidité du service ferroviaire. 

Coordination avec le protecteur et le chef de la sécurité

La vigilance de la sentinelle n’est efficace que lorsqu’elle s’intègre à un dispositif mis en place par le protecteur et le chef de la sécurité, conformément au R RTE 20100. Ensemble, ils établissent un plan d’alerte qui détaille les positions, les canaux radio et les temps d’évacuation. Cette concertation assure une sécurité pour les chantiers ferroviaires en Suisse de bout en bout, quelles que soient la météo et la densité du trafic. Le chef valide les consignes au début de chaque session de travail, tandis que le protecteur supervise l’activation des avertisseurs sur site. La sentinelle doit assimiler ces paramètres et ajuster son observation aux contraintes locales pour transmettre l’alerte au moment opportun. 

Formation réglementaire selon la R RTE 20100

La septième édition du R RTE 20100, entrée en vigueur en 2024, détaille les compétences à maîtriser avant d’exercer la mission. Le futur veilleur suit d’abord un module théorique consacré aux dangers liés à la circulation des trains, aux distances d’arrêt et à la discipline verbale « digit by digit ». Vient ensuite une phase pratique sous la conduite d’un chef de la sécurité ; elle se conclut par l’obtention d’un certificat d’expérience. Ce parcours assure que chaque sentinelle saisit parfaitement la zone de danger, les signaux d’alerte et les procédures de repli. La qualification est renouvelée périodiquement afin de maintenir un haut niveau de réactivité adapté à l’évolution du réseau. 

Technologies d’appui et protocoles de communication

Même si l’observation visuelle demeure primordiale, la sentinelle s’appuie de plus en plus sur des radars portatifs, des détecteurs de rail et des radios numériques. Les dispositifs de géolocalisation permettent de vérifier la bonne implantation des postes de surveillance, tandis que les alarmes connectées déclenchent simultanément un signal sonore et un flash lumineux. La procédure verbale « chiffre par chiffre » imposée par l’OFT supprime toute ambiguïté lors des échanges radio. Ces outils réduisent le temps de réaction et limitent les erreurs humaines, mais ils ne remplacent jamais le discernement de la sentinelle ; ils le complètent en renforçant la lisibilité des informations transmises aux équipes en zone de travail.

Contribution à la continuité du trafic et au bien-être des équipes

Lorsque la sentinelle remplit sa mission sans interruption, le gestionnaire d’infrastructure limite les interruptions de circulation et protège le calendrier voyageurs-fret. Parallèlement, les équipes de chantier évoluent dans un environnement psychologiquement apaisé ; elles savent qu’une alerte fiable les préviendra à temps. Cette sérénité favorise la qualité des travaux de voie et réduit le risque de blessures liées au stress. En outre, la présence du veilleur facilite la mise en place de fenêtres travaux nocturnes ou en pleine journée, car l’exploitant du réseau obtient une garantie supplémentaire avant de valider les plages horaires. L’efficacité de la sentinelle rejaillit ainsi sur la performance globale du système ferroviaire.

De la première observation d’un convoi à l’évacuation complète de la zone de danger, la sentinelle ferroviaire orchestre chaque instant de l’alerte. Sa préparation, sa coordination et son recours à des technologies fiables contribuent à préserver la fluidité des lignes tout en protégeant l’intégrité des travailleurs. Alors que les chantiers se multiplient pour moderniser le réseau helvétique, la formation et le maintien de ce poste resteront-ils à la hauteur des exigences croissantes de mobilité ?

30 avril 2025|Entreprise|

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